Aujourd'hui, c'est le grand jour du départ sur deux roues. Toutefois, il faudra faire quelques 3h40 en train pour rejoindre Oberwald, où nous serons hébergés pour deux nuits. Les vélos de location nous y attendent également.
Embarquement un peu avant 8h00 en direction d'Oberwald dans le Valais. Le trajet en train passera par Zoug, que j'ai brièvement vu il y a deux jours par la fenêtre du train, jusqu'à Brunnen en bordure du lac des Quatre Cantons. De ce point, nous sommes maintenant dans les pré-Alpes. Le paysage qui défile est vraiment beaux même si le temps est encore très gris. À certains endroits, on voit encore des traces d'averses fraiches.
Rendu à Fluelen (435m) à la pointe sud du lac, le personnel du train nous fait tous descendre. Le train ne peut plus aller plus loin. Un éboulement qui a sévèrement endommagé le chemin de fer en plus d'en bloquer le passage de la route locale nous oblige tous à se diriger vers des navettes qui feront le lien avec la gare de Wassen par l'autoroute. Puisqu'il faut attendre les autobus, j'en profite pour me rendre au bord du lac pour un cliché malheureusement trop grisâtre.
Nous prenons finalement le troisième autobus qui est plein à craquer. Deux québécoises de Québec sont assisent à côté et nous ferons la jasette jusqu'à Wassen. Elles sont quelques jours en Suisse pour faire de la randonnée durant leur périple de 2 mois en Europe.
Arrivé à Wassen avec un énorme délai sur nos plans originaux, nous prenons le train en direction d'Oberwald. Le train monte en direction d'Andermatt par tunnels et ponts et en sortant du dernier tunnel avant Andermatt, on voit à gauche l'ancien pont du Diable qui est aujourd'hui utilisé que par les randonneurs et vététistes. Le nouveau pont de la route régionale passant maintenant par-dessus avant d'entrer dans un tunnel.
Après un arrêt de 20 minutes à Andermatt (1447m), direction Realp (1538m) en longeant la Reuss qui prend sa source dans les hauteurs du Furkapass. Le paysage qui défile est pour une première fois verdoyant et sous un beau ciel bleu. C'est dire comment la météo peut changer vite entre deux régions pas si éloignées l'une de l'autre. Arrivé à Realp, c'est le dernier point pour voir le ciel bleu. Le train s'engouffre dans un long tunnel pendant plus de 36 minutes pour ressortir de l'autre côté de la chaine de montagnes dans le village d'Oberwald.
Enfin arrivé à Oberwald, village de 230 habitants situé à 1377m d'altitude, avec près de 3hrs de retard sur l'horaire prévu. L'hôtel se trouve à un kilomètre de marche. Nous ferons donc la distance à pied.
Pendant cette petite marche, laissez-moi vous raconter l'histoire du choix de cette destination en vélo de route. En novembre dernier, j'ai décidé de me lancer dans un premier voyage mollo à vélo dans les Alpes. Il faut savoir que je n'avais jamais gravi des cols majeurs de ma vie si ce n'était que le mont Royal à Montréal et les nombreuses côtes à Chicoutimi dans mon jeune temps.
Toujours est-il que je me suis acheté un simulateur Tacx avec lequel il est possible de rouler plusieurs films et tracés GPS pour s'entrainer incluant des simulations avec des pentes jusqu'à 20%. Je me suis attaqué en simulation les ascensions des cols du Furkapass et du Grimselpass. La première fois que j'ai simulé la montée du Furka, j'y ai mis plus de 2h50 pour faire les 17km entre Oberwald et le sommet du Furka. Difficile. Durant le temps des fêtes, j'ai convaincu Jean de me suivre dans cette aventure. Au retour des fêtes, nous avions nos billets d'avion en main pour début juin (j'avais opté pour la période avec le plus d'ensoleillement), et entre temps je me concentrais sur mon entrainement et sur la préparation du tracé et du séjour. Lorsque mon entrainement intérieur s'est terminé avec l'arrivée du printemps, j'avais roulé plus de 4000km dans mon salon et j'avais réduit mon temps de montée du Furka à 1h18. Pas pire.
Arrivé à l'hôtel 15min plus tard, les chambres sont prêtes mais le restaurant est déjà fermé. Malheur. Je demande à la propriétaire si l'on peut manger des restes. On nous servira qu'une soupe et du pain. Nous devions arriver avant 11h30, et il est déjà passé 14h30.
À 15h nous sommes déjà en cuissard avec nos vêtements chauds. Il fait tout juste 10C, mais le ciel est presque sans nuage. Je propose à Jean de faire le Furkapass dès maintenant, demain, il annonce de la pluie, et oui, encore. Selon mon entrainement virtuel, je peux atteindre le sommet en moins de 1h30 sans arrêt photo.
Alors, un peu après 15h, nous sommes déjà sur la route pour faire l'ascension du Furkapass. À la sortie d'Oberwald, une grande pancarte indique que les cols du Furkapass et du Grimselpass sont fermés. Oups, ça ce n'était pas prévu. En effet, les cols sont encore fermés à la circulation automobile. En vélo, on peut certainement monter. Le weekend prochain, aura lieu la fête de l'ouverture des cols. Nous sommes donc trop tôt dans la saison pour faire ces ascensions, mais en contrepartie, si c'est fermé, il n'y aura aucune voiture sur la route.
On attaque donc notre première montée en importance à vie pour tous les deux. Le Furkapass avec ses 17km de montée jusqu'à 2429m d'altitude, soit une ascension de 1052 mètres de dénivelé. Le tout est enregistré avec ma GoPro monté sur mon casque.
Après seulement 3km, un bruit sur la gauche attire notre attention. Les petits arbustes se mettent à bouger en bordure de route. Deux gros rochers déboulent devant nous et la neige suit. C'est une petite avalanche. Plus de peur que de mal. Je comprends maintenant pourquoi la route est fermée. Le conseil du jour est désormais de rouler du côté de la route qui donne sur le vide, le côté montagne peut malheureusement nous réserver de mauvaises surprises. De toute façon, la route est fermée et l'on croisera aucune voiture, d'un sens comme de l'autre si ce n'est qu'un petit camion de livraison qui a certainement fait le ravitaillement à Gletsch.
Après 5km et déjà 300m de dénivelé, on peut déjà voir la route en serpentin du col du Grimselpass. Pause photos et on poursuit. Déjà, je peux voir l'investissement rapporter. C'est aussi facile à monter que lors de mes derniers entrainements en virtuel. L'ascension se fait à une vitesse moyenne entre 12 et 14km/h et je ne souffre pas de l'effort.
À 6,6km du départ, on arrive à Gletsch (1757m), qui est le croisement entre les deux routes des cols. À gauche, ça monte vers le sommet du Grimselpass, et tout droit, vers le sommet du Furka. À Gletsch, on croise également la voie ferrée du chemin de fer à vapeur qui y monte, mais il est fermé jusqu'à l'ouverture de la saison estivale.
De ce point, photos et départ vers le glacier du Furka. Il reste plus de 10km pour atteindre le sommet. L'ascension sera marquée de quelques arrêts photos en même temps que des pauses barres énergétiques. Le petit déjeuner et la petite soupe de 14h sont très loin.
Très vite nous prenons de l'altitude et Gletsch rapetisse à vue d'oeil. Le tarmac est lisse comme une table de billard, on est loin des routes au Québec. On aperçoit déjà la mauraine du glacier du Furka et le sommet du col à encore quelques 9,5km. Un chum de vélo m'avait dit avant de partir, le truc dans l'ascension d'un col, c'est de ne pas regarder le sommet mais de regarder devant soi. Mais avec ce paysage, c'est dur de ne pas regarder le sommet et les montagnes tout autour.
Rendu au belvédère du Furkapass un peu avant 17h, nous sommes gelés et nous nous rendons à la boutique souvenir qui est encore fermée pour la saison hivernale. On y voit une dame à l'intérieur et la porte est débarrée. On entre pour se réchauffer. La dame nous dit que c'est fermé mais elle accepte tout de même que l'on se réchauffe 5min. Ça nous permet d'ajouter une couche à l'abri du froid. Pour la remercier, nous achetons chacun un petit souvenir. Nous serons donc ses premiers clients de la saison.
En sortant, il reste moins de deux kilomètres pour atteindre le vrai sommet et la pancarte du col. En regardant vers l'ouest, le temps change rapidement. Je veux aller prendre une photo au sommet mais nous décidons de redescendre afin d'éviter la pluie.
La descente se fera d'un seul trait sans arrêt photo. La GoPro sur la tête a tout enregistré la montée, et la descente jusqu'àprès Gletsch où la batterie a rendu l'âme. La montée s'est faite en 1h45 et la descente en moins de 20min. Il a commencé à pleuvoir à 3km avant d'arriver à Oberwald. Les traces de l'éboulis ont déjà été nettoyé lors de notre passage.
En cette période hors saison, il n'y a que l'hôtel et un restaurant adjacent à une maison privée d'ouvert. Après un repos bien mérité et une bonne douche chaude, nous nous rendons au restaurant tout près de la gare.
La journée se conclue par une belle ascension de 17km. J'ignorais en préparant mon séjour si tôt en saison que les cols étaient fermés, que des risques d'avalanches étaient toujours présents. Bien qu'un éboulis nous ait surpris, cette première journée sur nos vélos s'est bien passée.
Demain, il annonce de la pluie toute la journée. Nous sommes cloués à Oberwald pour une autre nuit puisque j'avais prévu deux nuitées ici pour permettre de faire les ascensions des deux cols. On s'ajustera demain.
Pour terminer, voici quelques photos de l'ascension tirées de la GoPro.